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Têtes Raides

La presse 1998

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  Une Autre Chanson, numéro 69 (1er février 1998)   Les "Têtes Raides" : Arriver à être simples, ça ne leur a pas pris toute une vie...
  Les Chroniques du Menteur, Pierre Lazuly (2 avril 1998)   Epithètes raides
  Musique Info Hebdo, numéro 27 (3 avril 1998)   Les Têtes Raides chamboulent... beaucoup
  Sortir, numéro 388 (22 avril 1998)   LES TETES RAIDES
  Programme de la Laiterie (avril 1998)   Têtes Raides
  Strasbourg Magazine, numéro 87 (avril 1998)   LES TETES RAIDES ; Les gueules cassées de la chanson française
  Télérama (avril 1998)   (Chamboultou)
  Libération (4 mai 1998)   JAVA-ROCK ; Album, tournée et confession pour les Têtes Raides, orphéon poétique
  Le Parisien (4 mai 1998)   Concert : pour trois soirées ; Les Tétes Raides à l'Olympia
  Le Figaro (mai 1998)   (Têtes Raides)
  Le Monde (5 mai 1998)   (Têtes Raides)
  Le Monde (9 mai 1998)   Le printemps des Têtes Raides
  Télérama (mai 1998)   (Têtes Raides)
  France TGV Grandes lignes (juillet 1998)   (Têtes Raides)
  L'Alsace - Edition Sud Alsace (13 novembre 1998)   Les Têtes Raides décoiffent

Une Autre Chanson, numéro 69 (1er février 1998)

Les "Têtes Raides" : Arriver à être simples, ça ne leur a pas pris toute une vie...

Ces têtes raides nous bercent déjà depuis plusieurs années. On leur prête toujours une épaule, tantôt solide, tantôt froissée. L'accordéon y est dévorant, véritable fantôme voguant à travers sept musiciens, peu avares de sueurs et de sourires. Là où le punk empoigne la chanson française des pavés mouillés, les "Têtes Raides" auront toujours leurs mots à dire. Rencontre avec Christian Olivier, parolier-accordéoniste, coupable des plus beaux silences de la chanson française, de mots oubliés aussi.

- L'album concert Viens ! se balade vraiment à travers tous vos disques...
- C'est vrai que notre volonté, lorsqu'on a fait celui-ci, était de mettre un peu des six albums précédents. Le premier est sorti en 89, c'était un vinyle autoproduit. Ginette était dessus. On aime bien rejouer les anciens morceaux. Régulièrement, certains morceaux s'écartent et d'autres reviennent. Entre chaque tournée, on retravaille les morceaux.

- Et l'accordéoniste invité qui joue sur le live, il était présent uniquement le soir de l'enregistrement...
- Il a fait quelques dates avec nous. C'est Jean Corti, un mec. Un vrai mec, un vrai musicien. On a fait l'Olympia avec lui. Et souvent dans les concerts, il fait une première partie où il joue des morceaux, souvent du répertoire de Brel. Et à la fin, on fait quelques morceaux de Brel ensemble, dont Les Vieux. La première fois qu'on s'est rencontrés en concert, on a tout de suite fait des morceaux avec lui. On s'est trouvé tout de suite, on n'avait rien préparé. Et pour le prochain album, c'est fort probable qu'on fasse appel à lui. Sur le live, il y a failli avoir des reprises. Mais comme on a l'idée, un jour, de ne sortir qu'un album de reprises, on les a gardées pour plus tard.

- Et à part Brel et Brassens, qu'y trouverait-on ?
- Des gens assez différents. Du Piaf, bien sûr. Marianne Oswald, aussi. Il y aurait sûrement un morceau des "Clash". Et puis, du Prévert...

- Vous n'avez jamais été sollicités pour le cinéma ?
- On a fait quelques musiques de courts métrages, mais avec d'autres musiciens. Cela ne s'appelle plus les "Têtes Raides", mais la "Côterie". On fait appel à des gens extérieurs selon les besoins du film. C'était uniquement musical. Le dernier qu'on a fait, on le projetait en début de concert pendant la dernière tournée : un film d'animation, avec les personnages qui figurent sur la pochette de l'album Le bout du toit. On l'a réalisé avec un jeune cinéaste, ça dure une douzaine de minutes et on a fait une musique originale dessus.

- Et ça raconte...
- Ca se passe dans un théâtre. C'est l'histoire d'un petit chien qui a la queue en trompette, et de ses déboires : il se casse la gueule, il prend feu... Des gags plus qu'autre chose.

- En parlant d'humour, est-ce que tu penses que tu arrives à le faire passer dans tes chansons ?
- Je ne sais pas s'il passe tout le temps comme il faudrait qu'il passe (sourire). C'est parfois à la deuxième fois que les gens viennent nous voir qu'ils rigolent. Il y a peut-être trop de choses en même temps... Mais j'adore l'humour, la dérision, et je crois qu'il y a de ça dans les textes. Ca nous est d'ailleurs arrivé quelques fois de rigoler sur scène et c'est quelque chose de superbe.

UNE BOITE UN PEU IVRE...

- L'album live me fait penser à une gigantesque boîte à musiques, un peu ivre. Mais récemment, j'ai écouté un autre album au walkman dans le métro. Et non seulement, c'était très agréable, mais surtout je trouvais ça très punk... C'était Mange tes morts, où figure Cosette...
- Celui-là, tout à fait. Cet album date de 91, et c'était une période avec guitare électrique, basse, etc... Les chansons étaient quand mecirc;me plus folles. Quand on a enregistré cet album, c'était la première fois qu'on le faisait dans un vrai studio. Pendant trois semaines, on y a été à fond.

- Le premier disque était déjà accompagné d'un livret...
- Je fais partie d'un groupe de graphistes qui s'appelle "Les Chats Pelés". J'ai démarré avec eux en même temps qu'avec les "Têtes Raides". Je travaille avec deux autres personnes, et on s'occupe des pochettes depuis le départ. On travaille aussi sur des livres pour enfants, sur des affiches de théâtre...

- Je sais aussi que certaines personnes du monde du spectacle vous accompagnaient en tournée...
- A l'époque de Mange tes morts, on a tourné avec des gens du cirque. Ils étaient trois sur scène. Ils faisaient de la corde, ils jonglaient. Des gens de théâtre ont également travaillé avec nous. Et dans la première partie d'un autre spectacle, on était masqués. On enlevait nos masques pour la seconde partie. Il y avait des jeux de paravents et d'ombres. On a aussi tourné avec des gens qui faisaient du trapèze. On a envie de donner quelque chose en plus, de favoriser les échanges entre musique et autres formes artistiques.

LA RELATION A L'ECRITURE

- J'avais énormément de mal à percer ta personnalité. Tu racontes souvent des histoires de gens dont on se soucie peu d'ordinaire. Tu te livres facilement dans tes chansons ?
- C'est marrant ce que tu dis. J'ai une relation très forte avec l'écriture. Avant de travailler avec le groupe, les textes sont pour moi quelque chose de très personnel. Mais à mon avis, plus les choses sont dites dans l'impersonnel, plus il y a quelque chose. En outre, je n'écris pas facilement, il faut que j'aille chercher des choses assez loin. Ce n'est peut-être pas aussi direct que chez d'autres, mais en concert, dans certains textes, j'ai pratiquement l'impression d'être nu. Je n'ai pas le sentiment de cacher quelque chose, en tout cas. Je pense que c'est surtout en concert que tu pourrais voir ça. Ce que j'écris, ce n'est pas plus que ce qui se passe, ce qu'on vit tous les jours. C'est vrai que ce sont des éléments de la vie très simples. Mais à partir du moment où tu sors de chez toi et que tu rencontres ton voisin, l'histoire commence. Ensuite, tu peux donner ton avis et raconter cette histoire aux gens.

- Vous n'avez jamais pensé à raconter l'histoire d'un même personnage, tout au long d'un disque...
- On n'a jamais eu encore l'idée de le faire, mais ça ne nous déplairait pas, en tout cas. Ca me fait penser à un film. On y a peut-être un peu touché sur Le bout du toit.

- Je n'ai jamais entendu parler de concerts en Belgique...
- On a joué l'an dernier dans des cafés à Bruxelles. J'ai eu l'occasion de travailler plusieurs fois à Bruxelles depuis quatre ans, et je voulais absolument venir faire un concert ici. Je n'ai pas trouvé la solution pour faire un concert dans une salle. Donc, ona décidé de venir avec un camion. On n'avait aucune date, et on a joué dans les bistrots pendant quatre jours.

- Quels sont les disques que tu écoutes ?
- J'ai beaucoup aimé un groupe qui s'appelle "Edgar de l'Est". Sinon, chez moi, j'écoute davantage des musiques sans textes. Des musiques de l'Est, du tango...

- Quand as-tu découvert Brel et Brassens ?
- Assez tard. Je me suis mis à la musique vers l'âge de vingt ans. J'en avais déjà entendu des bouts, mais je les ai vraiment découverts à ce moment-là. Ecouter un morceau de Brassens, c'est quand même toujours une belle leçon de musique. Une belle leçon, et pas chiante... Et puis, ça file la pêche. La grandeur de Brassens, c'est une simplicité à la fois dans le texte et dans la mélodie. Et en même temps, un fond tellement consistant. Arriver à être simple, ça peut prendre toute une vie, parfois plus...

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Les Chroniques du Menteur, Pierre Lazuly (2 avril 1998)

Epithètes raides

Autant je parviens aisément à démonter les mensonges libéraux et les âneries mercantiles, autant je dois batailler ferme avec une maigre armée d'adjectifs lorsqu'il s'agit de produire un article élogieux. Et lorsqu'il s'agit de rendre compte de ma soirée de samedi, lorsqu'il me faut vous raconter ce qui fut bel et bien - tout au moins jusqu'ici - le plus beau concert de ma vie, mon vocabulaire est en panne, les verbes secs, les épithètes raides.

Car devant un tel spectacle, nous tombions des nues. Les Têtes Raides, actuellement en tournée dans l'Hexagone, salueront notamment les Rennais le 1er mai et le public parisien les 4, 5, et 6 mai. Pierrot lunaire portant sur son visage toute l'expressivité d'un Brel, le chanteur des Têtes Raides, auteur de ces textes griffant le conformisme ambiant, exprime la souffrance et me rappelle cette phrase superbe du grand Jacques : "un artiste, c'est quelqu'un qui a mal aux autres".

Et quand la force de ses textes et sa voix tombée des nues pourraient se contenter d'un accompagnement musical minimaliste - c'est d'ailleurs le cas pour certains titres -, les Têtes Raides se permettent une insolente excellence musicale : accordéons, saxophones, guitares, piano, violon, violoncelle s'échangent au gré des titres parmi les sept Têtes de génie. Il faut voir le saxophoniste alterner les instruments et déposer le saxo après un brillant solo pour répondre d'une petite mélodie à la flûte.

Alors, vous me permettrez de ricaner, lorsque j'entends tel ministre de la Culture, tel responsable d'antenne, pérorer sur les quotas de chanson française, le soutien aux "nouveaux talents " lorsque ceux-ci ne font qu'imposer sur les radios musicales un matraquage supplémentaire de niaiseries pascalobispales ou florenpagniesques, ces Têtes Molles dont la médiocrité musicale n'a d'égale que l'insignifiance de leurs paroles, alors que les esthètes Raides, mais aussi la Tordue, et tant d'autres groupes que les ondes flatulentes des grands réseaux nationaux n'apporteront jamais jusqu'à mon tuner, alors que le talent, disais-je, et le vrai renouveau de la chanson française ne trouvent guère plus d'accueil que sur les radios associatives et sur le service public. Les Têtes Raides seront d'ailleurs à l'affiche des Francofolies de la Rochelle le 16 juillet avec la Tordue, Jean Corti et Yann Tiersen.

Pierre Lazuly, Les Chroniques du Menteur, 2000
E-mail : Pierre Lazuly
http://menteur.com

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Musique Info Hebdo, numéro 27 (3 avril 1998)

Les Têtes Raides chamboulent... beaucoup

Une longue expérience de la scène leur a permis d'acquérir une plus large audience, tout en conservant le fidèle public de la première heure. Ce qui fait dire à Vincent Frèrebeau, directeur du label Tôt ou Tard, qu'"aller à un concert des Têtes Raides, c'est comme assister à une messe". Pour ce nouvel album studio, le groupe a évolué tant au niveau des textes que de la musique et des arrangements.

L'album de la semaine : Chamboultou
Toujours un air en Têtes...

Ca y est ! Avec la sortie de Chamboultou, les Têtes Raides s'apprêtent encore à glisser malicieusement leur petit grain de sel poétique dans la machine à tubes. Aussi savante que naïve, leur musique est "claudicante" et diserte comme un vieux pirate qui aurait navigué sur les sept mers. Comme sept albums et sept musiciens font 14 ans d'existence. La reconnaissance médiatique un peu sourde d'oreille devrait se réveiller et se manifester, en se rappelant que ce n'est pas pour rien que les "Têtes" se partagent l'essentiel du catalogue Tôt ou Tard (voir MIH numéro 8) avec Joseph Racaille, Thomas Fersen ou Dick Annegarn...

Musique Info Hebdo : Qu'est-ce qui différencie Chamboultou du Bout du toit, votre précédent album studio ?
Têtes Raides : Sans être en rupture totale, nous avons effectivement évolué tant dans l'écriture et dans le contenu musical que dans les arrangements. Il y a un peu plus de cuivres, des morceaux un peu "fanfare", ainsi qu'un ou deux autres titres uniquement avec des cordes. Avec Edith, qui remplace Scott Taylor en tenant les mêmes instruments que lui à l'exception de l'accordéon, nous avons aussi continué à développer la présence du piano. De plus, sur le précédent album nous avions disséqué les morceaux au niveau de la production, alors que là nous avons joué certains morceaux tous ensemble... Ce qui change un peu au niveau de l'énergie.

MIH : Les textes sont également plus humoristiques et débridés... Tu te lâches apparemment plus qu'auparavant...
T.R. : Il paraît, ouais ! Et ce n'est pas parti pour s'arrêter. Il y a des choses assez directes sur certains morceaux, notamment politiques. Mais là aussi, et depuis les origines, cette part est importante dans les Têtes Raides. c'est vrai que dans l'écriture ça se lâche, et bien qu'il y ait aussi des morceaux plus en rapport avec ce que l'on a fait par le passé, les crêtes sont plus importantes. L'ironie, ou même la dérision, vont plus loin, sont plus marquées. C'est sciemment rempli de fautes : "Ne laissons pas les chacals brouter nos idéals". Il y a un aspect "jeu" bien mis en évidence par la corrélation entre le contenu de l'album et la pochette. Au niveau des couleurs, cet univers-là est plus présent, on s'amuse... Ma voix et mon interprétation ont également bougé, et avec eux le ton, qui est lié au texte.

MIH : Comment s'est déroulée cette première collaboration avec Dominique Blanc-Francard pour le mixage ?
T.R. : C'est la première fois que l'on travaille avec quelqu'un qui prend réellement en charge le mix de l'album. Généralement, c'est toujours le réalisateur qui le mixait avec nous. Sans même parler de résultat, ces quinze jours de travail avec lui représentent le plus beau mix, et le plus reposé, que l'on n'ait jamais "passé". Nous avions quelques craintes au regard de son boulot sur ces dix dernières années, mais en deux jours c'était réglé... Il a une sensibilité et une oreille remarquables. Mixer est un boulot difficile. A la fin de l'album, on est fatigué... Et lui ne nous avait jamais vus en concert. Il avait une oreille neuve. Ca a posé l'histoire.

MIH : Qui est le réalisateur ?
T.R. : Sodi. Il avait réalisé Le Bout du toit, et il n'avait jamais non plus travaillé avec Blanc-Francard. Pour lui aussi ça a été une bonne expérience.

MIH : Qui a choisi Blanc-Francard ?
T.R. : Ca a été une discussion entre Vincent Frèrebeau et nous.

MIH : Depuis quand travaillez-vous avec Vincent Frèrebeau ?
T.R. : Il est notre directeur artistique depuis le premier album chez WEA (Les Oiseaux, 1992. Ndlr.). Il a créé Tôt ou Tard il y a un an et notre "live" (Viens ! Ndlr.) a été le premier disque du catalogue.

MIH : Qu'est-ce que cela vous apporte de travailler dans cette structure interne à WEA ?
T.R. : Tôt ou Tard a réussi à monter un catalogue qui se tient et possède une vraie direction, malgré des personnalités et des identités artistiques différentes. C'est aussi important parce que la cellule avec laquelle nous travaillons est plus petite. Quand tu as un problème à soulever, tu n'as pas dix personnes mais une seule qui gère l'histoire. C'est plus concret du point de vue du boulot, et même s'il y a encore plein de choses à définir, cela a facilité notre travail qui a de ce fait pas mal évolué.

MIH : Tu veux parler du "live", entre autres ?
T.R. : Ce disque a été pour nous un exercice enrichissant. Il nous a permis de réécouter ce que nous valions sur scène. On a l'habitude de faire des cassettes, mais comme ça, sur CD, c'était radical... Ca nous a vraiment fait bosser et toucher du doigt les endroits sensibles... On a donc pu analyser les concerts et les améliorer.

MIH : Depuis Le Bout du toit, vous avez acquis une plus grande popularité. Comment l'expliquez-vous ?
T.R. : La courbe est ascendante, mais ce n'est pas démesuré quand on pense que nous existons depuis 14 ans... Ca avance avec l'évolution de notre musique. C'est vrai qu'aujourd'hui dans les salles on ramène du monde. Et comme ça monte progressivement, il n'y a pas de gros fossé entre ce qu'on fait et le nombre de nos spectateurs. On n'a jamais voulu être à part. Quand on est confronté à des gens du show business, on essaye de tenir un discours qui est assez proche de la musique que l'on produit. Mais il y a des gens pour qui rien que notre nom, Têtes Raides, c'est déjà pas bon...! T'en reprends un ?

Olivier Bailly

LA FICHE

CREDITS ALBUM
Artiste : les Têtes Raides
Titre : Chamboultou
Label : Tôt ou Tard
Distribution : Warner Music France
2ditions : You You Music/FKO
Pochette : Les Chats Pelés/Le Chapotat
Sortie : 14 avril 1998
Responsable artistique : Vincent Frèrebeau/Ingrid Visquis
Management : FKO

TITRES
1 - Du boulot
2 - Les hirondelles
3 - Les roseaux
4 - Chamboultou
5 - Oublie cette chanson
6 - Le créditeur
7 - Le coeur a sa mémoire
8 - Parazite
9 - Dans la gueule du loup
10 - Guignol
11 - Ecris-moi
12 - Mon slip
13 - Vent chante

MUSICIENS
Christian Olivier : chant, accordéon
Grégoire Simon : saxophone, flûte, accordéon
Serge Bégout : guitare, clarinette
Edith Bégout : piano, cuivres
Pascal Olivier : basse, hélicon
Jean-Luc Millot : batterie
Anne-Gaël Bisquay : violoncelle
Francis Terrade : création lumières
Paroles et musiques : Christian Olivier/Têtes Raides (sauf Le coeur a sa mémoire - Rachel Leibovitch et Dans la gueule du loup - Kateb Yacine/Les Têtes Raides)
Arrangements : Têtes Raides
Producteur exécutif : FKO
Réalisation : Sodi

ENREGISTREMENT ET MIXAGE
Ingénieur : Sodi
Mixage : Dominique Blanc-Francard

MARKETING & PROMO
Presse :
- un pavé dans le Monde le 22/04 ; 1/4 quadri dans Aden le 29/04 ; 1/2 dans Télérama du 01/04 ; 1/2 dans Télérama le 15/04 ; 2 pages centrales dans Lylo le 20/04 ; 1/2 dans Taktik, 4e de couverture dans Mix, 2 fois 1/4 dans Presto et 1 page dans 491 ; 1/2 dans les Inrockuptibles le 08/04, plus 1 page le 15/04 et 1/4 le 22/04
Radio :
- 150 spots sur Oui FM
Affichage :
- métro : 100 panneaux 180x150, du 24/04 au 03/05, plus 650 affichettes sur portes anti-fraude) (gares : 300 affiches 80x120 sur Paris et sa banlieue)
- affichage libre : 1 500 affiches (80x120) en banlieue, plus 15 000 (80x120) et 800 (40x60) sur 30 villes de France
Tractage :
- 100 000 tracts, plus 50 000 sur Paris et 30 villes de province

Concerts :
- le 16 avril au Printemps de Bourges
- les 4, 5 et 6 mai à l'Olympia
- tournée du 10 avril au 23 mai
- sur la grande scène des Francofolies le 16 juillet ("la Fête aux Têtes Raides")

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Sortir, numéro 388 (22 avril 1998)

LES TETES RAIDES

Les gueules cassées de la chanson française... Sûrement l'un des meilleurs groupes de scène aujourd'hui. Après bientôt 10 ans de concert, des bars de Belleville à l'Olympia en 96 (plein à craquer), 10 ans à redonner à la chanson sa vraie force : celle des tripes et du coeur. Les Têtes Raides viennent de franchir une étape importante : celle d'un public omniprésent dans les salles, celle d'une maturité musicale évidente, celle d'un grand groupe...
Le Splendid Jenlain, 1, place du Mont-de-Terre, Lille Fives. Rens. : 03.20.33.17.34.

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Programme de la Laiterie (avril 1998)

Têtes Raides

Ceux qui ont participé à l'un des mémorables concerts des Têtes Raides à Strasbourg en cultivent, en général, jalousement le souvenir dans l'un de leurs jardins secrets. Les Têtes Raides, vivant leur musique plus qu'ils ne l'interprètent, ont su tisser, en effet, d'indéfectibles liens entre les acteurs de leurs chansons et les Strasbourgeois.
Ainsi, à la sortie de la salle se dit-on que les concerts strasbourgeois des Têtes Raides sont de tels moments d'exception que l'on ne peut que craindre, après coup, qu'ils aient appartenus au domaine du rêve.
Alors, comme à chaque fois, parce qu'on sait que la logique de série n'entre pas dans la notion de miracle, on tremblera, au fur et à mesure qu'approchera la date du 27 avril.

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Strasbourg Magazine, numéro 87 (avril 1998)

LES TETES RAIDES
Les gueules cassées de la chanson française

Depuis 1984, les Têtes Raides ont redonné à la chanson française sa vraie force : celle des tripes et du coeur. Si de leur banlieue sud à l'Olympia, la distance n'est pas très importante, Christian, Cali et Grégoire ont fait pourtant beaucoup de chemin. Leurs concerts fascinent et dérangent. En 1994, l'album Fleur de yeux est classé parmi les meilleurs disques de l'année, et sera suivi par Le bout du toit (1996) et Viens (1997), un live qui apporte le témoignage de ces exceptionnels concerts. C'est en effet sur scène (120 concerts en deux ans...) que le groupe affirme son plus grand talent, gravant son chemin dans la mémoire d'un public toujours plus large. Un nouvel album sort ce mois, une grande fête leur sera consacrée aux Francofolies de la Rochelle et trois concerts à l'Olympia sont prévus en mai. Avant, ils seront, une fois de plus, de passage à Strasbourg. Une occasion de les revoir...

Laiterie-Artefact, le 27 avril à 20 h 30.

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Télérama (avril 1998)

(Chamboultou)

Quatorze ans, sept albums, la passion ne faiblit pas. Ni la leur ni la nôtre. Ca commence à se savoir. Chamboultou, on en fait le pari, devrait secouer les puces de la chanson à la française. Et les Têtes Raides être enfin reconnus comme un des rares groupes du cru inventant une musique hexagonale qui ne tourne pas en rond. Il y avait les fiestas de la Mano Negra, il y a les fêtes des Têtes.

En concert, ils rassemblent un public qui connaît leur répertoire sur le bout des croches et qui semble grandir à chaque rendez-vous : le dernier, au Printemps de Bourges, fut une fois encore étonnant d'intensité. A l'image de leurs albums, à l'image de cet album, quintessence de l'alchimie des sept têtus. De la sonorité singulière de la formation, accordéon, violoncelle, hélicon, piano, cordes, cuivres, fouet sur des peaux font monter la fièvre, ordonnent la diversité des tempos.
D'un morceau à l'autre ou au fil du même, le coeur change de rythme, bat crescendo ou moderato, brasse Brel ou Brassens, binaire ou Balkans. Flambée de tous les instruments ou crépitement intime de quelques-uns, les arrangements rivalisent d'ingénieuse maîtrise autour de la voix de Christian Olivier.

Dense, le chant, dansantes, les chansons. Et écrites à la même mesure, à la même démesure.
Hormis deux reprises -Le coeur a sa mémoire, de Mauricette Leibowitch, et Dans la gueule du loup, de Kateb Yacine, mémorables-, Olivier donne toujours libre cours à une verve plus surréaliste que néoréaliste. Audace des images, des rimes et des césures, fantaisies de coq-à-l'âne dictés par la logique euphonique et poétique, simple émotion d'une chanson "faite pour s'oublier". Difficile de l'oublier, cette petite-là "qui ne fait que passer" et que l'on retient. Comme ses frangines, gardées au chaud des oreilles et des yeux (succulent graphisme de la pochette et du livret, signés des Chats Pelés)... Chamboultou a tout pour enchanter.

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Libération (4 mai 1998)

JAVA-ROCK
Album, tournée et confession pour les Têtes Raides, orphéon poétique

En 1988, un groupe punk de la banlieue parisienne, les Red Ted, se transformait en Têtes Raides pour devenir un des phares de la mouvance "java-rock", tendance poétique. Ils sont passés de la rue à des salles de plus en plus grandes, comme l'Olympia, où ils s'installent pour trois jours. Chanteur et accordéoniste de cette fanfare trublionne, Christian Olivier écrit aussi les textes, qui marque le renouveau d'une certaine poésie de la chanson française.

Après dix ans, quel bilan ?

Des choses commencent à bouger, les concerts se multiplient. Une centaine l'an dernier et cette année, c'est parti pour la même chose. La scène a été le départ. Classiquement, tu sors l'album et quelque temps après, tu vas sur scène. La, on est sorti du studio pour monter sur scène.

La chanson "La gueule du loup" évoque la répression sanglante de la grande manifestation des Algériens de Paris en Octobre 61. C'est la première fois qu'une de vos chansons parle de politique.

Il y avait de ça dans les morceaux d'avant, mais c'était moins direct. La gueule du loup, c'est un texte de Kateb Yacine. C'est quelque chose d'important pour moi, même si ce sont les mots d'un autre. J'avais déjà travaillé au théâtre sur un autre texte de Kateb, Le Vautour, je suis allé le dire il y a un an lors d'une journée sur l'Algérie, qui mélangeait musique et poésie ; une fille disait La gueule du loup, ça m'a vraiment bousculé, j'ai eu envie de mettre une musique dessus. Le texte parle des événements d'Octobre 1961 mais il va plus loin. Comme le texte de Mauricette Leibowitch (la soeur de Francis Lemarque, ndlr) Le Coeur a sa mémoire, qui est aussi sur l'album. J'en ai discuté avec elle : sa chanson parle des camps de la guerre, mais de la manière dont nous la chantons, elle trouve que ça a pris une dimension plus universelle. Quand on l'a jouée au Québec, ils réagissaient très fort, comme si c'était leur histoire...

Vous avez parfois des intonations à la Brassens...

En effet, j'ai écouté Brassens ces temps-ci, puisque j'ai travaillé dessus, mais je crois aussi que le texte a fait prendre ce ton à la voix. L'écriture a bougé, il y a quelque chose d'un peu plus direct. La voix a bougé avec ce contenu.

Aujourd'hui, la chanson poétique est plus portée par des groupes que par des chanteurs solistes.

Aujourd'hui, c'est important de travailler avec des gens, sur la durée. Pour moi, le travail du texte est vital. Il doit y avoir une force, une matière. Et je la trouve plus encore dans cet album. Dans Les Roseaux ou du Boulot, il y a même des jeux de sons avec les mots...

Vos lectures?

Dernièrement, Michaux et Joyce Mansour. Et je relis pas mal Beckett.

Vous faites votre chemin en marge de l'industrie?

Effectivement, en dix ans, on a fait une ou deux télés. On avait réussi à répéter pour Taratata, ça s'est arrêté là (sourire). Même en radio, à part les émissions spécialisées et France Inter, ça ne bouge pas. Des animateurs "jeunes" nous disent : "J'adore vos disques mais vous comprenez, je ne peux pas les passer". Pourtant, il y a du monde aux concerts. Peut-être que les gens se déplacent parce qu'on ne nous entend pas beaucoup ailleurs.

Vous avez été élevé en Afrique. Vous aimeriez y retourner?

J'ai vécu au Mali, et j'aimerais y retourner. On avait tenté de monter quelque chose avec l'Afaa (un département culturel du Quai d'Orsay, ndlr) mais c'est tombé à l'eau. L'Afrique a laissé des traces dans mon écriture. D'abord, la présence des animaux. Là-bas, tu vis avec ça, tu vas te baigner dans le Niger et tu croises un hippo, ça fait quelque chose. Et puis, il y a le temps, la pluie...En rentrant d'Afrique, une chose m'a touché : sur la nationale 7, il pleuvait, une pluie minuscule, tous les gens ouvraient leur parapluie, alors qu'en Afrique, quand ça tombe, c'est la toilette.

Vous vous supportez encore les uns les autres?

Ca va à peu près, on ne se bat plus comme au début. On essaie de garder notre intimité, c'est le plus difficile dans les tournées. Il y a eu un changement depuis juin, Scott, qui jouait du piano et de l'accordéon a été remplacé par Edith : nous avons deux filles dans le groupe maintenant.

Propos recueillis par HELENE HAZERA

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Le Parisien (4 mai 1998)

Concert : pour trois soirées ; Les Têtes Raides à l'Olympia

Il y a vingt-cinq ans, tandis que la télé programmait les incontournables et légitimement populaires Johnny, Sardou, Lama et consorts, les radios jeunes du rock non-stop et les discothèques de la disco, il fallut beaucoup de ténacité et la force de la vox populi accompagnant leurs concerts pour qu'Higelin, Lavilliers et d'autres assurent la pérennité d'une chanson française fille de Ferré, Brel ou Brassens, dont le mot demeure le joyau et la diversité du son le principal horizon.

Fantaisie et modernité

Aujourd'hui, tandis que les télés programment toujours Johnny, Sardou, Lama et consorts, les radios jeunes du rap non-stop et les discothèques de la techno, il aura fallu sept albums et une kyrielle de fans les connaissant par coeur et les chantant à tue-tête lors de galas bondés pour que les Têtes Raides, à l'instar de la Mano Negra, Tribal Jam ou Louise Attaque, montrent à la fois leur sens de la fête, de l'écriture et le bout de leur nez à l'oreille du grand public.

A partir de ce soir, son nouvel album bijou sous le bras ("Chamboultou"), la bande à Christian Olivier accède pour la première fois à trois jours d'Olympia où, le directeur des lieux en atteste, on s'arrache les billets.

Truffées de style et de démesure, de verve et de fantaisie, ses chansons denses et dansantes agrémentent d'une jubilatoire modernité les traditions de l'Hexagone. Quelques mots pris au hasard vous en donneront un avant-goût : "Les cigarettes se consument sous la lune. Le cabestan, qui sent le fardeau des enclumes, taille les plumes du sang jaillissant. Sur l'horizon engorgé sous la brume, je m'acclimate aux saisons à trois pattes qui se bousculent pour quelques patates." Acclimatation sacrément réussie... "Atmosphère", dirait Arletty.

Alain MOREL
Album "Chamboultou" (Warner Music). A l'Olympia, ce soir, mardi et mercredi à 20 h 30. Réservations : 01.47.42.25.49. Places : 110 F.

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Le Figaro (mai 1998)

(Têtes Raides)

"Les gens qui ne connaissent pas le groupe sont un peu surpris d'entendre ce que font les Têtes Raides". Christian Olivier sait bien ce qu'inspire le nom de son groupe. "Têtes Raides", cela fait attendre des outrances, du vacarme, de l'abrasive dureté du rock.

Les Têtes Raides furent bien, il y a une douzaine d'années, dans ces contrées où résonne l'électricité, au temps de leur première "galette", Not dead but bien raides. Puis il y eut, d'album en album (Mange tes morts, Les Oiseaux, Fleur de yeux, Le bout du toit, Viens) un beau chemin d'invention qui les emmène à cette étrange position de groupe phare de la chanson en France, sans vraiment connaître la reconnaissance massive du public. Sans avoir encore vendu plus de 30 000 exemplaires d'un disque, les Têtes Raides réussissent pourtant cette performance rare d'avoir tous leurs disques disponibles au catalogue de leur maison de disques, signe que chaque parution nouvelle attire un public neuf, qui s'intéresse ensuite à toute l'histoire du groupe.
Pourtant, leurs trois concerts à l'Olympia, à partir de lundi (4 mai 1998 NDLR), seront sans doute pleins à craquer, comme toutes les dates de leur tournée actuelle. Car, à part France-Inter et quelques radios spécialisées dans l'audace, on ne passe pas les Têtes Raides à la radio : "notre son ne va pas", s'est fait dire Christian Olivier, leader et parolier du groupe.

Leur nouvel album, Chamboultou (chez Tôt ou Tard), est pourtant une des choses les plus réjouissantes que l'on ait pu entendre ces derniers mois, et pourrait bien parvenir définitivement à élargir leur audience : valses pour fanfares, demi-rock et tiers de tangos, chansons à textes pour guincher, accordéon à la "chauffe Marcel", violoncelle de fortif', flûtiaux de Bastille, batterie de foire et javas d'intello. Comme d'habitude, il y a de quoi chanter en coeur, et des couplets que le public reprendra tout entier aux prochains concerts.

Car les Têtes Raides sont une belle aventure de scène : depuis presque dix ans, ils donnent une centaine de concerts chaque année dans toutes les salles qui possèdent un tant soit peu de caractère (à Paris : Sentier des Halles, Trévise, Olympia, Entrepôt, Dunois, Trianon, Européen...) devant un public de plus en plus fervent, qui épouse chacun de leurs virages. Christian Olivier ne parle pas de carrière, il parle de "notre histoire", ce qui raconte un nombre étonnant de changements dans un univers toujours stable et cohérent : esthétique de la rouille et des lumières basses, du vieux bois de caisse et de faubourgs pluvieux, de pauvres oiseaux et de chiens las, de coeurs perdus et d'âmes lentes.

Et, avec Chamboultou, ce sont des couleurs de gaieté qui se posent sur cette chanson : "On a essayé de s'amuser, de se moquer de nous, de faire entrer de l'ironie dans notre manière un peu dure". Sur scène, au premier plan, Christian Olivier et son accordéon, son charisme singulier et roide, ses histoires sombres et ses élans heureux. Leur éclairagiste Fantôme réalise des lumières à la fois très simples et formidablement inventives, Christian Olivier se laisse aller à plus de joie, leur répertoire a encore été refondu en profondeur. En gros, "l'ambiance est moins pesante".
Et les acheteurs du disque se le feront confirmer avec la joyeuse pochette de l'album, oeuvre des Chats Pelés, le trio de graphistes dont Christian Olivier fait partie, avec Benoît Morel, chanteur de La Tordue, autre groupe créateur d'une nouvelle chanson française.

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Le Monde (5 mai 1998)

(Têtes Raides)

Les Têtes Raides luttent pour la dilution des préjugés. L'énergie scénique de ce groupe qui a intégré les joies de la fanfare populaire autant que les séquelles nihilistes du mouvement punk, ou la chanson française qui chamboule tout, n'a pas de limites. Leur dernier album, Chamboultou, est à la hauteur des concerts : cornets et guitares, tôles ondulées et violoncelle.

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Le Monde (9 mai 1998)

Le printemps des Têtes Raides

Un nouvel album, "Chamboultou", des concerts à l'Olympia et une tournée française affirment le succès du groupe

LES TETES RAIDES ne ressemblent à personne - sauf à La Tordue, le groupe-frère, né de la même amitié, et d'une même conception graphique de la vie acquise dans la cour de récréation de la très sérieuse école d'art Estienne. Ensemble, au sein des Chats pelés, ils travaillent sur un art de la représentation et du dessin proche de l'art brut, publient des livres pour enfants, créent leurs pochettes de disque et réfléchissent à une esthétique à la fois rigide, ascétique, et drôle, dont le fourmillement n'est perceptible que pour une oreille exercée - ce qui est le cas leur public, dont on a rarement vu spécimen plus attentif, plus connaisseur, plus sincèrement attaché sans que le sentimentalisme n'intervienne jamais.
Musicalement, les Têtes Raides, sept musiciens, dont deux femmes (violoncelle et claviers, ce n'est pas si courant), ont emprunté à toute la tradition française, et jusqu'aux jazz bands. Les mélodies sont d'un classicisme portuaire - on pense aux marins qui chantent. Le violoncelle affirme, s'il en était besoin, que ce groupe venu du rock électrique a signé un pacte de sang avec la musique acoustique. Et puis, il y a la fanfare, avec piston, caisse claire et saxophone, instruments de choc prêts à s'égarer comme dans l'harmonie municipale, mais, en douze ans d'existence et de concerts, les Têtes Raides, groupe de scène, ont eu le temps d'acquérir une totale maîtrise de leurs effets musicaux.
Ils ont eu le mérite de pressentir très tôt un renouveau de la fanfare qui se confirme pleinement aujourd'hui : Goran Bregovic, le compositeur de la musique des films d'Emir Kusturica, n'a-t-il pas mis l'Olympia debout dès les premiers accords avec une fanfare tsigane, dénommée l'Orchestre des mariages et des enterrements, une semaine avant les trois concerts complets que viennent d'y donner les Têtes Raides ? L'Occidentale de fanfare (gascon-breton), la Banda Sonora, menée par le musicien de jazz Battista Lena (excellent disque festif, chez Label bleu), sont d'autres exemples des retrouvailles avec l'esprit de la fête, fort déserté par une nouvelle chanson française, et celle, anglaise, des Bristoliens Massive Attack, quelque peu neurasthénique.
Les Têtes Raides aiment le bal, l'accordéon et les loupiotes qui font tourner les têtes. Ils ont leur part de dépression. Pris au premier degré, on pourrait même les croire fort tristes. Tout en noir, jamais souriants, ils font une totale économie des effets de séduction censés asseoir les bases de la variété. En scène, plus encore que sur le disque, ils imposent la parole et le silence aux spectateurs avec une rigidité qui n'entame jamais le plaisir.

INTELLECTUELS DU COEUR
Le chanteur, Christian Olivier, est sérieux comme un pape, planté raide comme un chanteur de gwerz breton, et tout cela finit par bâtir l'image d'un bien-être complice et décalé. Les Têtes Raides sont les enfants de Brassens (ils lui rendent hommage), de Brel et de Desnos, dont ils livrent une interprétation chaotique - depuis Juliette Gréco, la France a construit bon nombre de cités-dortoirs, d'échangeurs autoroutiers, Desnos reste d'actualité mais sa philosophie musicale ne passe désormais plus par les plom-plom-plom charmants du piano fanfaron. Les textes des Têtes Raides, de quelque façon qu'on les lise ou qu'on les entende, sont absurdes, incompréhensibles ("Parce qu'il n'attachait pas son chapeau les marécages l'ont avalé"). Le public peut cependant les chanter en entier. Ils n'ont aucune logique, sauf poétique, au sens surréaliste. Ce n'est pas que les gens d'aujourd'hui n'aient rien à se dire, mais ils ne s'entendent pas. Le monde est un vaste brouhaha, d'où surnagent des bribes de conversation éclatantes de sens, presque des slogans ("Il y a de la fissure dans les allures").
Chamboultou, l'album qui vient de paraître, constitue la matière de leurs concerts, dont trois réussites à l'Olympia du 4 au 6 mai et un vrai triomphe au Printemps de Bourges le 18 avril. Il a la nervosité de la révolte à venir. Outre de nouvelles chansons montrant le versant le plus déboussolé du groupe (Parazite), les Têtes Raides, exceptionnellement dans la revendication immédiate, ont adapté un texte de l'écrivain algérien Kateb Yacine, Dans la gueule du loup ("Peuple français, tu as tout vu, oui, tout vu, de tes propres yeux, tu as vu notre sang couler, tu as vu la police assommer les manifestants et les jeter dans la Seine..."). Il y a aussi une chanson de Mauricette Leibowitch, soeur de Francis Lemarque, Le coeur a sa mémoire, chanson des camps de concentration ("Ne laissons pas les mots transformer en lambeaux tout ce qui fut la vie de ceux qui sont partis sur les routes d'exil dans les parfums d'avril"). Car, intellectuels du coeur, réunis dans une fanfare des beaux-arts poétiques, les Têtes Raides cachent le sentiment et la politique dans la même niche, intime et obstinée.

Véronique Mortaigne

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Télérama (mai 1998)

(Têtes Raides)

Petite cour, pavés, brins d'herbe. Derrière la porte, la clarté aiguise les angles des vieilles valises impeccablement empilées, des malles alignées sur le piano droit, des livres cascadant sur les étagères. Contre le mur près de la verrière, le soleil sculpte l'original de la pochette du dernier disque, Chamboultou : bas-relief polychrome avec éléphant à trompe d'hélicon, araignée à pattes d'acier, (...).
Christian Olivier, le chanteur des Têtes Raides, vit dans cet ancien atelier (...). Atelier d'artisan pour artiste artisan. Christian écrit les chansons du groupe, réalise les pochettes des disques avec deux amis de longtemps, Benoît Morel et Fred Chapotat. Ils signent leur travaux du nom des Chats Pelés. Ils se sont connus à l'école Estienne, établissement d'enseignement supérieur des arts et industries graphiques. "On avait opté pour l'expression visuelle. Ca mène à la pub, à la communication. Mais on a eu des profs supers qui nous ont détournés de cette voie...". Les trois matous ont rencontré Willem, conçu des illustrations de presse pour Révolution, continue à créer ensemble lorsque la musique, qu'ils fréquentaient déjà, a pris plus d'importance dans la vie de deux d'entre eux.
Fred, pour l'instant, ne chante que sous sa douche. Benoît est la voix de La Tordue, Christian celle des Têtes Raides. "Mais, dit ce dernier, il y a déjà de la musique dans notre graphisme". A voir ce que tracent les Chats, à entendre ce que trament les Têtes, la correspondance est évidente : une même polyrythmie dans les collages visuels et sonores. "Seule la matière change, mais c'est toujours de la matière qu'on travaille, et c'est elle qui amène le sens. Comme un bloc de pierre qui induit lui-même le personnage, le mouvement qui va se dégager de lui...". Pour Christian, aucun mode d'expression n'est aussi fort que l'écriture. Ni la musique ni l'art plastique ne lui font connaître ce plaisir, et ce danger : "C'est difficile, et nécessaire de dépasser le réalisme, la familiarité, le risque de manipulation qui surgissent avec le langage. Dans nos chansons, il y a des clés, des points de repères, mais pas de mode d'emploi. On les propose aux gens, on ne dispose pas d'eux".
L'auteur a une belle définition du respect réciproque qui lie le groupe à son public : il parle de "distance chaude". Elle naît du mystère des mots. Du tourbillon des instruments, bal biscornu, batterie mélodieuse, fanfare frissonnante. Du va-et-vient de Ginette, la lampe d'usine qui surplombe la scène et que le chanteur fait valser violemment. De cette alliance alchimique où joie fiévreuse et silences intenses écrivent tour à tour la partition, dans le public comme dans la musique. Les notes font naître d'insolites incendies, les vers une poésie singulière, et Ginette jette dans la pénombre une lueur de chair nue, un pigment fauve.

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France TGV Grandes lignes (juillet 1998)

(Têtes Raides)

Le meilleur groupe de la nouvelle chanson française confirme son talent avec ce disque étonnamment gai et roboratif : refrains à guincher, couplets à méditer.

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L'Alsace - Edition Sud Alsace (13 novembre 1998)

Les Têtes Raides décoiffent

Avec un album éblouissant intitulé " Chamboultou ", les Têtes Raides viennent faire guincher, dimanche à la Filature. Poètes à l'horizon...

PARFUMS de faubourgs et de petits matins pluvieux, coeurs de rouille et chiens las, les mots empruntent à la poésie de Pessoa, Prévert, Brassens ou Desnos et au surréalisme. Tel est l'univers des Têtes Raides : des chansons à texte et à danser la java ou la guinche. Ils viennent du jazz ou du classique et enfilent les albums avec une énergie toute d'irrévérence.
Accompagnant la voix de rocaille de Christian Olivier, ils sont six qui ponctuent de pleins et de déliés de violoncelle ou d'accordéon, les trois-temps d'éclats jazzy ou ska.

Leur dernier album marque un virage : de la lumière éclaire les faubourgs, il y a de la gaieté dans l'ironie. L'écriture se fait plus directe et le propos ouvertement engagé. La poésie est toujours là...

Dimanche 15 novembre à 20h30 à la Filature. Réservations au 03.89.36.28.28. Tarifs : de 40 à 110 F.
Un des groupes les plus originaux de la chanson française.

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