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Têtes Raides

La presse 1996

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  Programme de l'Association Hiéro Mulhouse (mars 1996)   Les Têtes Raides
  Dernières Nouvelles d'Alsace (9 mars 1996)   L'écho des nuits électriques
  Programme de la Laiterie (mars 1996)   (Concert à la Laiterie)
  Station Service (mars 1996)   LES TETES RAIDES
  Centre Presse (22 novembre 1996)   MUSIQUE : Les Têtes Raides en concert
  La Nouvelle République (25 novembre 1996)   "Les Têtes Raides" au Théâtre
  Centre Presse (29 novembre 1996)   L'envoûtement des Têtes Raides
  Libération (3 décembre 1996)   Invitation au tête à Têtes Raides
  L'Humanité (3 décembre 1996)   Concert : Jusqu'au bout du toit avec les Têtes Raides
  Chorus - Les cahiers de la chanson française, numéro 16 (1996)   TETES RAIDES
  Rock' Epine (1996)   (Le bout du toit)
  Chanson mondiale depuis 1945 (Ed. Larousse, 1996)   TETES RAIDES (Les)

Programme de l'Association Hiéro Mulhouse (mars 1996)

Les Têtes Raides

En 1984, Christian, Cali et Grégoire forment les Red Ted dans leur banlieue sud. Influencés par Clash comme Damia ou Marguerite Duras, ils mêlent la complainte de l'accordéon à la ruée des cuivres. Leurs concerts fascinent et dérangent, les musiciens sont masqués, décor et lumière créent une ambiance à part. La mue en Têtes Raides est suivie par un violoncelle et une guitare acoustique qui les rapproche de la chanson. Pour 1996, leur nouvel album recèle quelques-unes des plus belles chansons jamais rimées en français... Quant à la scène, la seule certitude, venant de musiciens aussi exigeants qu'imprévisibles, est que l'émotion sera ce soir au rendez-vous.

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Dernières Nouvelles d'Alsace (9 mars 1996)

L'écho des nuits électriques

Retour de la rubrique des nuits agitées d'Alsace, pour une sélection forcément non exhaustive des rendez-vous électriques entre Strasbourg et Mulhouse.
(...)
Jeudi, le Noumatrouff invite les Têtes Raides, un groupe d'expression française, comme l'on dit, nourri aux Clash, à Damia et à Marguerite Duras, forcément. Sous le bras, ces fascinants oiseaux de nuit et bêtes de scène ont bien calé leur nouvel album, Le bout du toit. Ambiances imprévisibles, mais garanties.
(...)
Vendredi, les Têtes Raides pointent le bout de leur nez et de leur toit à la Laiterie, tandis que...

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Programme de la Laiterie (mars 1996)

(Concert à la Laiterie)

Les TETES RAIDES et Strasbourg... voilà une longue histoire d'amour qui s'égrène, de concerts magiques en visites impromptues ; d'un forum FNAC squatté avec la spontanéité qui les rend si attachants à une salle de la Marseillaise qui les accueillit les bras ouverts. Les visites du groupe furent non seulement nombreuses mais aussi frappées du sceau d'une intimité à chaque fois grandissante.
II fut donc une époque où les TETES RAIDES avaient, chez nous, leur place à table et où chacun aurait pu donner aux personnages de leurs romances des visages familiers. Leur concert à la Laiterie a donc le goût doux-amer des retrouvailles avec ces proches qui un jour ont disparu sans donner de nouvelles. On ne savait en effet plus grand chose des TETES RAIDES jusqu'à ce que paraisse ce nouvel album dans lequel, chanson après chanson, on les a senti de nouveau si proches.
Bien sûr, ceux qui l'écoutent par-dessus notre épaule nous parlent de renouveau de la chanson réaliste, de Damia, de Brel ou des Pogues ; bien sûr ils louent le chant si expressif, les arrangements expressionnistes et délicats, bien sûr... Mais nous, nous savons que les TETES RAIDES c'est bien plus que cela et nous nous retrouvons dans le titre de leur album. Nous comprenons que les TETES RAIDES sont à nouveau "Au bout du toit", lieu de tous les rêves et tous les dangers dont ils nous envoient quelques cartes postales, à charge pour nous de les y rejoindre si nous n'en faisons pas le bout du monde.
On le sait déjà, ce concert tiendra autant de la fête de famille que de la veillée d'arrière-salle de bistrot où habitués et clients de passage entonnent en choeur les refrains sur les amis disparus et les turpitudes amoureuses.

Schwarze oder merkwürdige Texte, eine unehrerbietige Energie, machen aus der Gruppe LES TETES RAIDES eine der originellste Band in Sachen "Chanson Française".
Sie sind nicht mit Brel oder Sex Pistols zu vergleichen, sie gehören einfach zu der "neuen Sachlichkeit". Der Alltag wird mit einem Akkordeon, einer Rockgittare, einem strengen Cello in Lebensbilder verwandelt Hohepunkt im März
.

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Station Service (mars 1996)

LES TETES RAIDES

Il y a 10 ans, banlieue Sud, ils forment les Red Ted, revendiquant les noeuds d'un patrimoine socio-culturel liant Clash, Damia et Marguerite Duras, et mêlant la complainte de l'accordéon et la ruée des cuivres. Mués Têtes Raides, avec un 25 cm autoproduit emballé dans du carton gaufré, ils commettent un Mange tes morts chez Fnac Music couplé avec un mini-book de sculptures des Chats Pelés, avant de passer chez WEA avec les Oiseaux et le récent Bout du toit qui recèle quelques-unes des plus belles chansons jamais rimées en français...

14 à 21h Noumatrouff Mulhouse
15 à 20h30 la Laiterie

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Centre Presse (22 novembre 1996)

MUSIQUE : Les Têtes Raides en concert

Mardi 26 novembre à 20 h 30, le Théàtre-Scène Nationale présente les Têtes Raides en concert. Après la chanson réaliste, après la chanson néo-réaliste, c'est la chanson des Têtes Raides

C'est une chanson néo-réaliste "alternative" qui a oublié le mélo des goualantes d'antan et traversé les violentes tempêtes du rock électrique pour trouver l'émotion brute, l'énergie hargneuse, l'humour décalé qui en font une chanson résolument actuelle. Ils grattent le désespoir poisseux et l'ennui ordinaire pour chanter les petits plaisirs provisoires, les petits espoirs dérisoires, sur des frissons d'accordéon, sur des éclats de fanfare, sur des claquements de percussions.

Les Têtes Raides ont créé, dans la chanson française, un univers étrange, inclassable, entre le rêve et le désespoir. Les musiques sont de savantes compositions qui évoquent les javas des faubourgs, les blues des trottoirs, les rocks de banlieue, les polkas des kiosques de villages, les valses musette, les polonaises romantiques, les parades martiales ou les fanfares déglinguées. Les textes décalés et irrévencieux sentent la sueur, la bière, les larmes et la fumée. Ils exhaltent une poésie grise, noire, bleu nuit aux reflets pourpres ou vieil or. Ce spectacle qui a séduit les publics de grands festivals de la saison met en scène un univers où chacun reconnaît ses frissons, ses cafards et ses sourires familiers.

Pour tous renseignements : Le Théâtre-Scène Nationale de Poitiers - 1, place du Maréchal Leclerc - 86000 Poitiers - Tél. : 05.49.41.28.33.
Tarifs en location : 55 F (étudiant avec Carte Culture), 75 F (moins de 26 ans, chômeur, appelé), 85 F (abonné de groupe et passion), 95 F (abonné individuel, adhérent, carte vermeil), 120 F (plein tarif). En abonnement, c'est moins cher.
Location au Théâtre : du lundi au vendredi de 13 h à 18 h 30.

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La Nouvelle République (25 novembre 1996)

"Les Têtes Raides" au Théâtre

Un univers étrange, inclassable, entre rêve et désespoir.

Après la chanson réaliste, après la chanson néo-réaliste, c'est la chanson des "Têtes Raides". Une chanson néo-réaliste "alternative" qui a oublié le mélo des goualantes d'antan et traversé les violentes tempêtes du rock électrique pour trouver l'émotion brute, l'énergie hargneuse, l'humour décalé qui en font une chanson résolument actuelle. Ils grattent le désespoir poisseux et l'ennui ordinaire pour chanter les petits plaisirs provisoires, les petits espoirs dérisoires, sur des frissons d'accordéon, sur des éclats de fanfare, sur des claquements de percussions.

"Les Têtes Raides" ont créé, dans la chanson française, un univers étrange, inclassable, entre le rêve et le désespoir. Les musiques sont de savantes compositions qui évoquent les javas des faubourgs, les blues des trottoirs, les rocks de banlieue, les polkas des kiosques de villages, les valses musette, les polonaises romantiques, les parades martiales ou les fanfares déglinguées. Les textes décalés et irrévérencieux sentent la sueur, la bière, les larmes et la fumée. Ils exhaltent une poésie grise, noire, bleu nuit aux reflets pourpres ou vieil or. Ce spectacle qui a séduit les publics de grands festivals de la saison met en scène un univers où chacun reconnaît ses frissons, ses cafards et ses sourires familiers.

Pour tous renseignements : Le Théâtre-Scène Nationale de Poitiers, 1, place du Maréchal-Leclerc, Poitiers. Tél. 05.49.41.28.33.
Tarifs en location : 55 F (étudiant avec carte culture), 75 F (moins de 26 ans, chômeur, appelé), 85 F (abonné de groupe et passion), 95 F (abonné individuel, adhérent, carte vermeil), 120 F (plein tarif). En abonnement c'est moins cher.
Location au Théâtre du lundi au vendredi de 13 h à 18 h 30.
Concert le mardi 26 novembre à 20 h 30 au Théâtre.

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Centre Presse (29 novembre 1996)

L'envoûtement des Têtes Raides

C'est un spectacle de qualité qu'ont présenté les sept Têtes Raides au Théâtre de Poitiers. Un concert parfois agité, parfois moins : il y en avait pour tous les goûts. Un public hétérogène, de tout âge, et composé de connaisseurs fredonnant quelques ballades ou de curieux s'accordant pour dire qu'ils ont découvert de véritables talents.
Quoi qu'il en soit, les chansons néo-réalistes "alternatives" du groupe ont été appréciées pour leur qualité poétique, comme pour la brutalité de leur vérité. Ces paroles qui frappent sont en plus à savourer sur des petits airs qui vous font danser le coeur. Des arrangements recherchés balancés de-ci de-là par nombres d'instruments variés : accordéon, bandonéon, guitares, violoncelle, batterie, flûtes, basse, souba, saxophones, trompette, tuba, trombone... Et tous les musiciens de chanter en choeur pour une harmonisation subtile et envoûtante.
Un plaisir qui vous brosse le poil dans tous les sens, mais ça fait tellement de bien !

Marion Valière-Loudiyi

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Libération (3 décembre 1996)

Invitation au tête à Têtes Raides

CHANSON. Halte parisienne du groupe anarcho-harmonique.
Les Têtes Raides,
jusqu'au 7 décembre au Trianon, 80, bd Rochechouart, Paris XVIIIe ; réservations : Fnac, Virgin et sur place.
Album : Le Bout du toit (WEA)
.

Des Têtes Raides, groupe apparu voici plusieurs années en marge de la mouvance alternative, on se plaît à constater la progression dans la cohésion musicale : un pot-pourri personnel, anarcho-harmonique, à base de rock, d'accordéon, de flûtiaux, de violoncelle classique ; le tout soutenu par la voix "brélienne" de Christian Olivier et l'incongruité de textes teintés d'humour noir.
La tournée consécutive à la sortie de leur dernier album, Le Bout du toit, s'installe au Trianon (joli cadre, belle acoustique) pour cinq jours, avec une particularité : la projection en mise en bouche d'un film d'animation de treize minutes dont le groupe a confectionné la bande-son.
Studio-concert. "La moitié des chansons a été rodée en public avant d'être enregistrée, les autres non, et ça c'était nouveau pour nous. Nous avons évolué sur certaines choses mais l'énergie reste la même. On a l'impression que la communication est plus directe, qu'on touche un nouveau public, assez jeune, qui connaît parfois le dernier album par coeur, ça nous a étonnés et même bousculés. Les gens comprennent peut-être enfin que les Têtes Raides ne se résument pas à du texte noir, qu'on peut même introduire des éléments comiques. D'ailleurs, dans nos concerts il y a régulièrement des spectateurs qui se lèvent pour danser et d'autres qui crient : "Assis !". Ca discute dans la salle, c'est bien".
Accueil. "Depuis quelques années, on sent une volonté de la part du public d'aller vers les instruments, les voix, la musique des mots. Toutefois, si la presse écrite suit bien, côté radio et télé, c'est le point mort. Alors on fonctionne sur le bouche à oreille, les concerts. Mais nous n'avons pas encore atteint le seuil de rentabilité pour notre maison de disques".
Café. "Nous ne jouons plus vraiment dans la rue entre deux concerts, mais on aime bien se produire de temps à autres dans les cafés. Pour le groupe comme pour la musique, ça remet les choses à leur place de se retrouver sur une estrade, sans sonorisation".

Recueilli par HELENE HAZERA

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L'Humanité (3 décembre 1996)

Concert : Jusqu'au bout du toit avec les Têtes Raides

PRESENTATION : les Têtes Raides ne sont pas un jeune groupe qui pratique la chanson poético-réaliste comme d'autres le tricot ou le bouddhisme. Les Têtes Raides chantent et jouent depuis douze ans. "Le Bout du toit" (FKO-You You Music/WEA) est tout de même leur cinquième album. Une histoire qui dure, à la vie à la scène.

Venons-en à leur musique, à leurs chansons. Les Têtes Raides sont nées en plein boom du rock alternatif. Alors forcément, à leurs débuts, le son était plus électrique. Mais cela n'a pas duré longtemps. Très vite, le groupe s'est tourné vers d'autres sons, d'autres rythmes, au fur et à mesure de l'arrivée de nouveaux musiciens. Certains ont une formation jazz ; d'autres sont de formation plus classique via le conservatoire. Christian Olivier, parolier en titre du groupe, est retourné naturellement aux sources de la chanson - communément appelée réaliste - pour nous offrir des ritournelles de belle facture où souffle un brin de poésie, quelques doses d'ironie, le tout enveloppé de belles mélodies.

Dans "le Bout du toit", l'album, on aime ces chansons tout en légèreté, presque spontanées, où l'accordéon croise la note avec le violoncelle, où les cuivres se font discrets, ponctuant avec tact les phrasés mélodiques. On y entend des tangos alanguis, quelques rythmes de salsa, des murmures de fanfare joliment dosés. Le groupe a gommé le superflu, jetant aux orties tout effet d'abondance instrumentale et rythmique, pour ne conserver que l'essentiel, la mélodie, épurée, libérée de toute lourdeur.

Le public ne s'y trompe pas. Sur scène, on peut presque parler de communion tant le dialogue qui s'instaure avec les uns et les autres est authentique, naturel. Les Têtes Raides l'ont habitué à la qualité. N'hésitant pas à mettre des poètes en musique, hier Pessoa, Prévert, ou plus récemment Desnos, "L'amour tombe des nues". Sur ce travail précisément, Christian Olivier ajoute : "Il y a beaucoup de liberté dans la poésie, les mots ont eux-mêmes une musicalité. Mettre la poésie en musique, c'est délicat. Le danger d'être redondant vous guette à chaque instant. Desnos a écrit certains textes pour qu'ils soient mis en musique. C'est peut-être pour cette raison que, sur ce texte, il nous a suffi de quelques minutes pour fredonner la musique". Tel ne fut pas le cas avec Pessoa ou Prévert, mais ponctuer leur album ou leur concert par des textes de poètes, "cela permet de s'évader de son propre univers, de ne pas s'y enfermer. Ca fait du bien à tout le monde, non ?".

Ils sont pour quelques jours au Trianon (1). Gageons qu'ils auront su dénicher quelques trouvailles de derrière les fagots comme à chacune de leur apparition, pour nous permettre de passer une soirée plus que sympa.

ZOE LIN

(1) Du 3 au 7 décembre, 20 heures, au Trianon, 80, boulevard de Rochechouart. Paris 18e.

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Chorus - Les cahiers de la chanson française, numéro 16 (1996)

TETES RAIDES
La mémoire et la modernité

En l'espace de douze ans et cinq albums, les Têtes Raides sont passés du rock électrique au cabaret rive gauche décalé... Le résultat est magique.
Dix-huit heures à l'Art Brut, rue Quincampoix, Paris 3e. Un bar à artistes. Très bar : petite salle tout en longueur, bois sombre, pierre nue, moleskine, Touraine blanc à dix francs le verre, dense fumée des Gauloises. Très artiste : des sculptures ornent les murs, Charlie Parker tourne en sourdine. Dès l'entrée, à droite, affiche des Têtes Raides. On s'assoit face à un masque sur le mur. Manset, seul, pourrait dire s'il fait froid dans le dos...
Une voix grave retentit, derrière : "Tu regardes un objet des Chats Pelés !". Christian Olivier vient d'arriver. Christian, l'âme des Têtes Raides et le graphiste des Chats Pelés, dans une tradition très entre-deux-guerres de mélange des genres et des artistes... Les Chats Pelés s'égrènent à partir de 1984 sur les bancs de la prestigieuse Ecole Estienne, d'arts appliqués : trois étudiants - Benoît, Christian et Lionel - se constituent en collectif, éditant leurs premières gravures. Douze ans plus tard, Benoît est le chanteur-auteur de La Tordue (cf. Chorus 8 et 12, pp. 75 et 37), Christian celui des Têtes Raides et les Chats Pelés conçoivent, produisent et exposent toutes sortes d'objets. Des masques et même des pochettes de disques.
Mathématiques, piège à zique : c'est sous le signe de cette noble discipline que s'écoule, entre Vigneux et Montgeron, dans l'Essonne, l'enfance de Christian Olivier, né en 64. Son premier choc littéraire vient assez tard, grâce à une prof d'Estienne : Hiroshima mon amour, scénario de Marguerite Duras. Genet et Camus suivront. Les poètes, Maïakovski et Prévert, viendront un peu plus tard.
Et ce n'est qu'en 1984 que Christian s'engage dans une aventure musicale : Cali, bassiste, Grégoire, sax, et lui, à la guitare électrique et au chant, veulent avant tout se faire plaisir. Ils se proclament Red Ted. En vacances, renforcés d'un batteur, ils se produisent sur les terrasses des cafés de Perpignan. "Et déjà avec un décor, note Christian. Comme deux façades d'une rue en perspective".
Le répertoire des Red Ted se compose de reprises : Chuck Berry, Fats Domino, Clash. "Mais très rapidement, souligne Christian, du texte vient. C'était pour moi un besoin. L'écriture, c'est l'isolement, c'est très positif". En 1987, il abandonne la guitare électrique pour l'accordéon : "Je me suis retrouvé, sur cet instrument, physiquement à l'aise". Les Red Ted sont mûrs pour se muer en Têtes Raides : un 45 tours autoproduit sort en 88.

LE SON DU BOIS AU FOND DU COEUR
Seconde autoprod' en 1989 : le premier album des Têtes Raides, Not dead but bien raides, enregistré dans la cave de Grégoire, le sax. Un objet esthétique. "La pochette a coûté plus cher que la musique, sourit Christian. Et il y a sur ce disque un rapport au texte et une direction vers les instruments acoustiques qui ne sont pas très courants à l'époque". Pour mémoire, 89, en France binaire, c'est Souvent fauché toujours marteau, ultime album de Bérurier Noir, Riches et célèbres, des Satellites, et Puta's fever, de La Mano Negra : "Nous n'appartenions pas au monde du rock alternatif, souligne Christian. Nous étions dans notre bulle, peu rencardés sur le milieu musical. Nous avons acheté un camion et nous sommes partis sur la route". Première salle parisienne : le Sentier des Halles. Deuxième étape : les Découvertes du Printemps de Bourges.
En 91, après un second album très électrique, Mange tes morts, les Têtes Raides vont intégrer le violoncelle : "Cet instrument pour moi - sourit Christian - c'est les Suites de Bach. Je suis tombé amoureux de sa couleur. Nous voulions également inclure dans le groupe une femme, et qui vienne du classique". Arrive alors Anne-Gaëlle qui repartira en septembre 95.
L'album qui sort de cette rencontre en 1992, Les Oiseaux, est l'un des plus impressionnants du groupe : "Une énergie nouvelle arrive avec ce disque. Lors des répétitions, sans sono, nous avons pris conscience d'entendre autre chose : le bois !".
La guitare acoustique remplace l'électrique et les Têtes Raides commencent à jouer dans les bars : on déplie le décor, le concert démarre. Deux albums suivront, en 1993 et 96 (cf. Chorus 7 et 15 pp. 46 et 52). Les mots y courent vers l'abstraction : "Je ne construis pas mes textes. Je balance des choses comme ça, guidé par la seule musique des mots. Je pourrais être un poète-graphiste, mais la mélodie est toujours là". Côté musical, les cuivres (et le cor) sont de plus en plus présents et les valses de plus en plus claudicantes. "Nous sommes très proches de la vie de tous les jours, explique Christian. De la vie difficile à vivre. Il y a donc ça dans notre musique, cette déchirure...".
En douze ans d'existence, du rock anglo-saxon au cabaret expressionniste, les Têtes Raides paraissent avoir dessiné un parcours. Que nenni ! "Jusqu'à aujourd'hui, affirme Christian, il n'y a pas de concept Têtes Raides. C'est de l'instinct, du coup par coup. De la survie : nous avons violemment des choses à sortir. Tous les changements sont amenés par les mouvements dans le groupe".
Christian reconnaît sans problème que mettre la voix en avant, comme le font les Têtes Raides, caractérise la chanson. "Mais nous, insiste-t-il, nous ajoutons des instruments pour casser cette logique. Le saxo, par exemple. C'est une deuxième voix. Il a été inventé pour ça. Alors, parfois, ça lutte : il dit le contraire de ce que je viens de dire !".
En fait, la distinction rock-chanson importe peu à ce fou de Brassens et de Brel : "Ce qui compte, c'est le message : le disque, le concert, les spectateurs. Demain, si ça se trouve, nous aurons envie de reprendre la guitare électrique et de taper sur des tôles !". Un physicomusicologue des années 2260 le prouvera un jour : les Têtes Raides, c'est de l'eau, de l'air. La vie.

Jean-Claude DEMARI

Contact scène : Olivier Poubelle, Astérios productions, 68 rue de la Folie-Méricourt, 75011 Paris (tél. 1/53.36.04.70, fax : 1/53.36.04.26).

DISCOGRAPHIE : 1989. Not dead but bien raides (Autoproduction/distrib. Just'In) - 1990. Mange tes morts (FNAC Music 592 003/WMD) - 1992. Les Oiseaux (WEA 77 645) - 1993. Fleur de yeux (WEA 93 834) - 1996. Le bout du toit (WEA 13 165).

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Rock' Epine (1996)

(Le bout du toit)

1984, Christian, Cali et Grégoire forment les Red Ted dans leur banlieue sud. Influencés par les Clash comme Damia ou Marguerite Duras, ils mêlent la complainte de l'accordéon à la ruée des cuivres. Leurs concerts fascinent et dérangent... Les musiciens se cachent derrière des masques en plâtre blanc, soignent décor et lumières pour créer une ambiance à part. Emerge la présence unique de Christian Pierrot meurtri à la voix de calcaire, immédiatement fascinant. Rejoint par d'autre musiciens, ils muent en Têtes Raides et auto-produisent un disque (1989). L'année suivante ils sortent leur premier CD. 1996 sera raide ; leur nouvel album Le bout du Toit recèle quelques-unes des plus belles chansons jamais rimées en français. Jean Corti, l'accompagnateur de Brel jette un bout d'accordéon sur le premier single.

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Chanson mondiale depuis 1945 (Ed. Larousse, 1996)

TETES RAIDES (Les)

FRANCE    Chanson francophone
Groupe formé dans les années 80 autour de Christian Olivier (chant)

Aujourd'hui fer de lance de la nouvelle chanson réaliste (avec leurs copains de la Tordue), les Têtes Raides ont débuté sur la scène alternative sous le nom de Red Ted.
En 1987, ils débranchent leurs instruments, et les mots de Christian Olivier se mettent à flirter avec la java, la musette et le tango, qu'ils font sortir de leurs accordéons, cornets, flûtes et autres tambours... En trois albums (dont Les Oiseaux en 1992 et Fleur de yeux en 1993), les Têtes Raides ont créé un univers poétique où Brel, Brassens, Desnos, Prévert et la pataphysique de Vian se croisent joyeusement ou parfois tristement. Mais toujours en beauté.

Le Bout du toit, WEA, 1996

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